ISSN

ISSN 2496-9346

dimanche 4 janvier 2015

Les dimanches de l'abbé Bethléem 23, mai 1910

En 2012, ArchéoSF avait entrepris de dépouiller Romans Revue, revue de critique dirigée par le rigoriste Abbé Béthléem. L'aventure s'était poursuivie en 2013. En 2015, nous reprenons cette exploration avec cette semaine le numéro de mai 1910 (3ème année, n° 5), très riche concernant la littérature conjecturale, la littérature jeunesse et la littérature populaire.

Ce numéro est en effet exceptionnel pour l'amateur de littérature populaire sous toutes ses formes avec au sommaire une étude de M. Henry Pilate consacrée aux lectures des enfants (« c'est-à-dire sur les livres, les revues, les magazines, les albums et les diverses publications qui leur sont offerts ou destinés. »), puis un article de P. de Maigremont sur La Semaine de Suzette, une critique de plusieurs volumes de la collection Modern Bibliothèque. La partie « Les revues, journaux et magazines » critique vertement la publication L'Ecole nouvelle (une revue pédagogique bien trop laïque et rationaliste pour Romans Revue) et s'attaque au Journal des Voyages ( article que nous reproduisons intégralement ci-dessous). Parmi les romans du mois, Gaston Leroux et André Laurie sont mentionnés. Enfin le Carnet de Romans-Revue traite de l'actualité de la lutte « contre la presse malsaine » et parle du cas Karl May.

Le premier (long) article est le texte d'une conférence donnée par Henry Pilate sur le thème des « lectures des enfants ». Il regrette tout d'abord le défaut de lecture des enfants :

Les Enfants. — La plupart des enfants ne lisent plus ou lisent mal.

La faute en est à la vie moderne, à certains parents qui, d'aventure, ne lisent pas plus ou pas mieux que leurs fils et leurs filles ; mais surtout aux livres eux-mêmes, aux journaux et revues pour la jeunesse.
La vie moderne dissipe les facultés de l'enfant. Il s'attache rarement à une occupation ; il ne sait pas se divertir avec esprit de suite ; l'effort lui répugne, la persévérance lui est inconnue. Il joue mal, et il lit encore plus mal parce que la lecture est moins séduisante que le jeu…
Le cinématographe est un grand ennemi de la lecture. Il captive la jeunesse, alors que les projections expliquées ne l'intéressent plus guère. C'est que le fantastique, qu'il est inutile de chercher à comprendre, épargne à l'enfant un effort de la pensée pour suivre le conférencier, un effort des doigts pour feuilleter le livre de gravures.

Après le cinéma, c'est le récit sous bande (ancêtre de la bande dessinée) qui est attaqué :

C'est une série de dessins accompagnés d'une courte légende et d'images coloriées et soulignées par trois lignes de texte. Les images et les dessins sont souvent de déplaisantes caricatures ; le texte ne vaut pas mieux. Il n'y a là dedans rien qui soit capable de laisser dans l'âme des enfants un début de formation morale et artistique dont se dégagera peu à peu leur honnêteté et leur goût. Ces mêmes bambins qu'on nourrit physiquement des aliments les plus purs et les mieux stérilisés, n'ont pour le coeur et pour l'esprit qu'un aliment à peu près grossier.


Et si Henry Pilate reconnaît les mérites de Benjamin Rabier, Caran d'Ache ou Forain, il indique que la caricature échappe trop souvent aux enfants et que par la même ne leur est guère utile.

L'article suivant, signé P. de Maigremont, a pour titre « La Semaine de Suzette ». Ce périodique pour la jeunesse crée en 1905 reçoit les éloges de la rédaction :

« par ses romans honnêtes, ses nouvelles, ses récits d'aventures, jusque dans ses fictions elles mêmes et les exploits de Bécassine, non seulement elle développe l'imagination, forme le goût, mais aussi et surtout, elle laisse des traces durables et fécondes dans l'âme et dans le coeur de ses jeunes lectrices.
Dans les nombreuses publications enfantines que nous ayons là sous les yeux, on se contente de rester neutre. A la Semaine de Suzette on se déclare franchement pour Dieu et pour la religion catholique. »



La rubrique consacrée à la presse a pour tâche d'étudier du point de vue chrétien les périodiques du temps. Le Journal des Voyages bénéficie d'un longe article :

LE JOURNAL DES VOYAGES

Pourquoi le cacher ? Je viens de parcourir l'année 1909 du Journal des Voyages et mon attente a été bien déçue. J'espérais — ô candeur ! — y trouver d'amusants récits de voyages, d'instructives études géographiques, de suggestifs articles sur les us et coutumes, les croyances, les moeurs des divers
peuples, d'abondantes reproductions de sites pittoresques et de paysages enchanteurs. Fiez-vous à votre imagination !
Sans doute le Journal des Voyages donne dans ses 16 pages hebdomadaires, bien imprimées sur beau papier, d'attrayantes photographies et d'agréables lectures. En particulier, son supplément mensuel Sur Terre et sur Mer avec ses quatre rubriques intitulées : le Mouvement Géographique, du Sud au Nord, Les Troupes Coloniales, Les Sports Modernes m'a paru bien rédigé. Mais à côté de ces pages intéressantes, que de variétés insignifiantes, d'entre-filets sans intérêt, de légendes farouches, de romans ineptes et puérils !
Et pas la moindre annonce : ce qui semble indiquer que le Journal des Voyages compté des légions de lecteurs. Je doute qu'il ait autant de sympathies dans le public féminin.

Les nerfs de ses lectrices doivent être soumis en effet à de rudes épreuves. Les couvertures de magazines se signalent en général par la mièvrerie et la frivolité de leurs sujets. C'est un reproche que je n'adresserai certes pas au Journal des Voyages. Les gravures sur bois ou les compositions en couleurs qu'il nous donne n'ont rien de fade; ni d'amollissant. Elles frappent presque toujours par leur brutalité. Question de goûts, sans doute. Jugez plutôt,:.. Voici la Mort de Saô (1). Monseigneur le tigre Ong Kop dévore un cadavre étendu dans la jungle mystérieuse ; -— La Vengeance du Chaman (2) : dans la forêt qu'éclairé la lune impassible, une panthère bondit sur un petit enfant couché à terré et ligoté.— Les Bandits des Antipodes (3) : on se croirait dans certains quartiers de Paris.. Si tu bouges, je te fais sauter la cervelle. — Le Maître des Vampires (4) : le supplice de Prométhée. — Un enfant sacrifié aux esprits (5) un sorcier élève une lance à la hauteur de l'aisselle d'un malheureux enfant ligoté à un arbre.— La Bastille Turque (6) : à chaque clou est fixée une tête et les tyrans sanguinaires qui avaient ordonné ces décapitations venaient, à la lueur des torches; contempler les visages de leurs ennemis. — Les Esquimaux de l'Extrême-Nord (7) : Suivant une coutume dont ils ne comprennent pas l'horreur, les Esquimaux transportent les vieillards qui vont mourir sur les bords de la mer et, avant qu'ils aient rendu le dernier soupir, ils les jettent dans les flots.
Pour ma part, je ne comprends que trop l'horreur de ces « pages dramatiques ». Ah ! si elles n'étaient qu'occasionnelles, je n'en parlerais certainement pas. Mais ces gravures horribles sont nombreuses : il n'est pas de numéro où je n'en rencontre deux ou trois. Quand il serait si facile — certaines reproductions le prouvent assez — de nous donner des illustrations vivantes, artistiques et pittoresques !
Les images, il est vrai, répondent parfaitement aux récits. Et quels récits ! Des scènes de brigandage et de carnage, assassinats, bagarres, rixes, batailles et attentats où apparaissent dans toute leur hideur bandits de grand chemin et escarpes de moindre envergure, anthropophages odieux et brutes incivilisées, apaches et gredins, Sioux et Indiens. Revolvers et pistolets, fusils et épées, dagues et poignards, lancés et cravachés, toutes les armes y figurent. Y a-t-il eu quelque tuerie en Orient, les Arméniens ont-ils été massacres ? Vite on nous raconté longuement cette ignoble boucherie. Est-il dans un coin du globe une légende affreuse ? On ne nous en épargnera pas le moindre détail. Existe-t-il chez certaines tribus sauvages des pratiques barbares, des coutumes féroces, des usages cruels, des sacrifices sanglants ? On nous initiera à leur accomplissement. C'est un véritable musée des Horreurs.
Eh ! sans doute, je vous accorde volontiers qu'il y a encore des peuples grossiers aux instincts belliqueux, aux habitudes bestiales, aux moeurs violentes. Mais pourquoi vouloir arrêter complaisamment nos regards sur ces races brutales, et nous en parler sans cesse ? Il ne manque pourtant pas à travers le monde d'autres sujets dignes de notre attention. Ne connaissons nous pas dans notre propre pays nombre de légendes tristes ou gaies, attendries ou véhémentes, simples ou fleuries, de ces aimables contes où l'âme populaire s'est comme cristallisée dans sa naïveté et sa générosité? Dites-nous les et nous vous en saurons gré.

Certes, nous serions bien autrement intéressés que par ces vagues romans d'aventures, toujours les mêmes avec leurs épisodes invraisemblables et leurs pâles héros !
Le Journal des Voyages publie dans chaque numéro trois romans d'aventures. Si j'en excepte les Robinsons de l'Air et L'Aviateur du Pacifique, de notre Jules Verne militaire, le capitaine Danrit, que valent-ils ? Hélas ! ils ne conduiront pas leurs auteurs sous la Coupole. Vous me direz qu'ils s'adressent à de jeunes lecteurs et non point à des critiques grincheux comme votre serviteur. Eh bien, raison de plus pour que le style de leurs écrits soit très châtié, leur langue très pure et leur inspiration morale nettement affirmée, il ne faut donner à la jeunesse que de l'excellent : former le coeur d'un adolescent, éclairer son jugement, fortifier sa volonté, cultiver son esprit, quelle tâche noble et délicate ! Aussi, voyez la haute valeur littéraire et morale des couvres qu'on nous offre !

Voici Tom le Dompteur, de Louis Boussenard. M. et Mme Dixon sont propriétaires du Great American Circus, de San Francisco — évidemment, l'action ne peut se dérouler qu'en Amérique. — Ils sont en butte aux vexations d'ennemis acharnés, les Treize qui ont pour chef un millionnaire, s'il vous plaît, Jonathan. Leur fille Jane est fiancée au dompteur Tom. La fille de Jonathan, Lizzy, a vainement tenté de l'épouser. Ce Tom, qui a le flair d'un de ses lions, aidé de son ami le détective Fil-en-Soie — c'était inévitable — découvre les machinations de la bande.
Un jour que le cirque se rendait à Mexico, les Treize font dérailler le train. On se bat : les Dixon sont faits prisonniers. Lizzy, qui décidément est une jeune fille charmante, veut se venger : si Tom l'épouse, il sera libre. Quant à Jane, on la mariera à un de ses Indiens.
Ces conditions sont refusées. On va massacrer le dompteur et sa fiancée, quand comme par hasard survient l'indispensable Fil-en-Soie avec un clown du cirque. Nouveau combat : les Treize et leur chef sont tués. Lizzy expire après que Jane lui a pardonné. Douces moeurs.
L'auteur ne nous le dit pas, mais c'est bien certain, Jane et Tom se marièrent alors, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Le Roi du Radium de Paul d'Ivoi est bâti sur le même modèle. Mais ici le détective s'appelle Dick Fann et les rivaux sont des bijoutiers.
Le Maître des Vampires, de René Thévenin, dont l'action se déroule au Venezuela, est un chef d'oeuvre d'invraisemblance.
Les Chasseurs de Turquoises d'Henry Leturque bataillent en Perse. Le héros de ce bizarre récit est un jeune télégraphiste, Tape à l'OEil — ô harmonie des noms — qui se trouve un beau jour de juillet jeté dans le Nord-Express et tombe en Perse, où à peine arrivé, il retrouve son père, disparu mystérieusement. Au milieu d'incidents de toute sorte, il recherche le trésor du Mouton-Noir caché sous la « pierre qui tonne. »
Ai-je besoin d'insister sur le caractère factice et enfantin de ces romans ? Ce ne sont que des récits incolores et fantaisistes, aux péripéties multiples et inattendues, aux personnages sans relief et sans originalité. On n'y voit aucune suite dans les idées, aucune liaison dans les faits. « Quand le hasard s'en mêle, il fait de singulières choses, dit quelque part Tape à l'OEil ». C'est aussi l'avis de nos auteurs. On dit quelquefois que le hasard est la Providence des Journalistes. Que feraient les romanciers sans le hasard ? Les événements les plus extraordinaires surviennent toujours au moment le plus propice.
Tous ces romans n'ont du reste aucune portée. Où trouver une idée, un but moral dans ces lignes si décousues!
Somme toute, il est très regrettable de voir quelles inepties on offre à de jeunes lecteurs quand on pourrait leur donner de si beaux récits, capables de leur inspirer des pensées nobles et généreuses ! Notre histoire de France abonde en traits héroïques, en épisodes grandioses, en exploits éclatants : quelle mine magnifique à exploiter ! Notre histoire coloniale en particulier serait d'un attrait puissant avec ses campagnes si pleines d'imprévu et de bravoure, ses héros populaires. Le dévouement de nos missionnaires ans les terres lointaines, au milieu des dangers les plus graves, des périls les plus menaçants, quel thème splendide !
Mais les Nick Carter et les Buffalo Bill sont à l'ordre du jour et je vous avouerai qu'après tout c'était bien naturel que je trouve de telles pages dans Le Journal des Voyages quand comme prime d'abonnement, je recevais six livraisons des Aventures de Toto Fouinard, le petit détective parisien. Les titres étaient affriolants et suggestifs : on me donnait L'Etranglée de la Porte Saint-Martin, L'Introuvable Assassin, Un Clou dans un crâne,  Les Exploits de Piédeboeuf, 600.000 francs de diamants, le Tueur d'Enfants.
II y a déjà plusieurs années que se sont déclarés les symptômes de ce mal inquiétant ét depuis les romans policiers se sont multipliés à profusion. Il est absolument: nécessaire de réagir contre ce danger, on l'a dit ici même bien des fois.
Aussi, bien qu'à l'ordinaire je n'y rencontre rien d'irréligieux (8) ou d'immoral, j'aimerais peu cependant voir entre les mains de jeunes lecteurs le Journal des Voyages ; les scènes de cruautés, violentes, et brutales qui remplissent ses feuilles, sont de nature à impressionner fâcheusement des adolescents ; elles exciteraient leur imagination, émousseraient leur sensibilité, fausseraient leurs caractères. D'autre part, comme il n'ani valeur, morale ni grande valeur littéraire, sa lecture ne leur profiterait guère.
Et quant aux aînés, aux grandes personnes s'intéresseront-elles à des romans destinés à de petits apprentis frais émoulus de l'école primaire ? Hélas !
Robert Devannes

(1)-No 633, 17 janvier. — (2) 637, 14 février. —.(3) 648 2 mai - (4) 650, 16 mai. - (5) 654, 13 juin. — (6) 656, 27 juin. - (7) n° 665, 29 août (8) Que dire pourtant de certains articles où l'on nous représente la. Nuit de la Saint-Jean, comme un prétexte à batailles pour, la populace romaine, où l'on nous montre les pénitents noirs de Villefranche en discorde avec les pénitents bleus, etc. Je ne nie pas l'exactitude de ces renseignements, mais de grâce, pensez qu'il y a bien d'autres faits religieux intéressants, même au point, de vue pittoresque.


Dans la rubrique « A travers les romans du mois » R. Varende nous entretient du Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux et du Maître de l'abîme d'André Laurie.

Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux est classé comme « Roman pour grandes personnes »

Voulez-vous du merveilleux, de l'inédit ?
Cy le Fantôme de l'Opéra.
Cette histoire fantastique, mystérieuse, tragique est de celles qu'on ne résume point.
Le héros : Erick, laideur affreuse, tête qui semble une tête,de mort, yeux magiques qui brillent phosphorescents dans la nuit comme des yeux de chat.
Sa vie : s'exhibe comme mort vivant, vit en Perse où il amuse la favorite par ses tours, où il sème des trappes magiques, est condamné à mort, revient à Paris où il entreprend du travail à l'Opéra, se construit un abri dans les caves, effraie, terrorise, épouvante.
Ses aventures : il aime une cantatrice, se fait passer près d'elle pour l'ange de la musique, est jaloux du vicomte qui l'aime ; enlèvement, poursuite, ruse, victoire, toute la lyre. Il laissera partir la jeune fille, puisqu'elle osera lui donner un jour un baiser et qu'elle ne mourra point d'horreur.
La morale : mystère.
Que peuvent bien faire des histoires fantastiques, si ce n'est dresser les cheveux du lecteur, s'il en a encore, et s'il est un peu crédule ?
Dans la catégorie « Romans blancs » nous trouvons André Laurie avec Le Maître de l'abîme

Qui nous disait donc il y a quelques mois qu'André Laurie était mort ? Il nous donne un roman.
Roman d'aventures étourdissantes qui ravira d'aise les jeunes gens, les lecteurs assidus de Jules Verne. Jules Verne est mort, et Paschal Grousset, c'est-à-dire André Laurie. Ils publient ericore l'un et l'autre. C'est un mystère. Mais les jeenes lecteurs ne s'en plaindront pas.
Donc quelques Français et un Espagnol, qui montaient un sous-rmarin, ont été enlevés par un autre sous-marin, dans une île, :admirablement défendue, où règne le maître de l'Abîme. Comment ? Il serait trop long de le dire. Car leurs aventures leur font faire des découvertes étonnantes à chaque pas.
Ils vivent côté à côte, longtemps; réjouis par la gaîté d'un inoubliable Marseillais; ils pourraient être heureux. Mais la patrie..; Donc ils fuient en ballon.
Mais chemin faisant, ils nous ont bien divertis, intéressés, instruits...

La rubrique « Carnet de Romans-Revue » parle de l'actualité de la lutte en faveur des « bons livres » à travers l'Europe. On y apprend qu'en Allemagne une pétition a été signée par 30.000 femmes contre la « presse malsaine », s'insurgeant notamment contre le nombre de mineurs condamnés après avoir lu la presse immorale (c'est à dire les illustrés!). En Suisse c'est la lutte contre les fascicules « Buffalo Bill, Nick Carter et Co. » et elle obtient des succès célébrés par Romans-Revue :

Les conseils communaux de Fribourg, de Bulle, - comme ceux de Nyon et Vallorbe (canton de Vaud), de Neuchâtel, de Zurich, de Bâle - ont interdit d'exhiber les romans policiers ou brutaux dans les kiosques et de les vendre aux mineurs. Le premier arrondissement des chemins de fer fédéraux, cédant à une .emande du Conseiller d'Etat qui dirige la police du canton de Fribourg a fait disparaître la littérature policière et criminelIe(Nick Carter, Nat Pinkerton, etc.) de toutes les bibliothèques de son réseau, le 25 janvier dernier.

Enfin, Karl May fait l'objet d'un article du « Carnet de Romans-Revue » :

Karl May, le Jules Verne allemand, a souvent fait parler de lui. Le Journal catholique de Cologne, La Gazette populaire, l'accusa , il a quelques années d'avoir fabriqué au temps jadis des romans obscènes. Karl May se défendit, il certifia que les passages obscènes avaient été introduits par l'éditeur dans le corps de ses ouvrages : le tribunal lui donna raison dans des conditions qui
restèrent mystérieuses.
L'affaire cependant fut oubliée (Voir Romans-Revue, mars 1908). Mais voici qu'un écrivain nommé Libius a poussé les choses plus loin. Il prétend que Karl May est un mystificateur effronté. Non seulement il est l'auteur d'ouvrages pornographiques, non seulement il a commis des plagiats, mais sa vie passée est infâme. Le Jules Verne allemand serait, d'après Libius, un repris de justice, un voleur de profession, un brigand dans toute l'acception du mot.
A ces accusations, Karl May a répondu par une assignation, et devant le tribunal des échevins de Charlottenbourg, la vérité a été péremptoirement établie, Lebius a été acquitté, et Karl May convaincu de brigandage.
Ces révélations n'entachent en rien les traductions de Karl May qui ont été publiées en France par la distinguée femme de lettres qui signait J. de Rochay. Ces ouvrages, traduits et expurgés, méritent toujours l'estime des familles chrétiennes.

A dimanche prochain !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire