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ISSN 2496-9346

jeudi 23 janvier 2014

[Jeudi québécois #1] Napoléon Aubin (1812-1890) 1ère partie

Introduction:

La science fiction ancienne du Canada francophone (1) n'est guère connue de ce côté de l'Atlantique. Certes les écrivains de la Belle Province n'ont pas donné beaucoup de textes relevant de ce genre mais il en existe tout de même. Les plus anciens datent de la première partie du XIXe siècle et nous nous arrêterons à la Seconde Guerre mondiale. Le regard porté est celui d'un Français, il est important de le noter car il diffère forcément de celui de nos cousins d'Amérique. En effet, s'il existe une longue tradition de la littérature conjecturale romanesque en France, elle est moins forte au Québec et certains Québécois avancent des explications sur lesquelles je reviendrai. De plus, le Canada francophone est proche des Etats-Unis et il n'a pas fallu attendre les années 1950 pour accéder aisément aux textes étatsuniens qu'ils soient issus des pulps ou parus en volume y compris en version originale.Enfin, le domaine est peu disponible en France (et même souvent au Canada) mais Internet permettent d'y avoir accès soit par les sites de bibliothèques mettant à notre disposition des ressources numériques (livres, collections de périodiques, documents diverses,...) soit par les sites d'amateurs de cette littérature qui partagent leurs connaissances.

Napoléon Aubin: présentation




Sans doute le premier texte relevant de conjecture romanesque "rationnelle" (les guillemets s'imposent tout de même) paru au Québec est-il "Mon voyage à la Lune" de Napoléon Aubin.Ce texte est paru en  1839 dans Le Fantasque dirigé par Napoléon Aubin. Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec (éditions Fides, 1980) des informations sur l'auteur et sur son conte:


Aimé-Nicolas dit Napoléon Aubin, journaliste et homme de lettres, naît à Chaynes, près de Genève, le 9 novembre 1812. Il est fils de Pierre-Louis-Charles Aubin et d'Élisabeth Escyer. À l'âge de dix-sept ans, il émigre aux États-Unis. En 1835, il vient se fixer à Montréal, puis à Québec. Pendant près de vingt ans, il consacre le meilleur de son énergie au journalisme de combat. Collaborateur à la Minerve puis à l'Ami du peuple, fondateur du Fantasque et du Castor, rédacteur du Canadien, il écrit également dans le Canadien indépendant, la Tribune et le Pays. Secrétaire de « l'Association de la réforme et du progrès » (1847), il est élu président de l'Institut canadien de Montréal (1869). Il meurt à Montréal le 12 juin 1890. Il a épousé le 9 novembre 1841 Marie-Luce-Émilie Sauvageau

Jean-Paul Tremblay, « Le Fantasque », in Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Éditions Fides, 1980 (lien vers l'article complet)



Des quatre contes du Fantasque, « Mon voyage à la lune » mérite une mention spéciale. C'est un récit plein d'entrain où se mêlent l'humour et la satire. Le ton s'inspire du Voyage dans la lune et l'Histoire comique des États et Empires du Soleil (1657) de Cyrano de Bergerac, de Swift, dont les Gulliver's Travels, publiés en 1726, raillent la société anglaise, et de Voltaire, qui, en 1752, écrit son conte philosophique Micromégas, un procès de la science mis au compte de héros célestes. Aubin, pour sa part, sous une affabulation fantaisiste, critique avec vigueur les moeurs canadiennes, relevant d'ironie ses remarques et réflexions. C'est le plus long et le meilleur conte de l'écrivain.
Jean-Paul Tremblay, « Contes épars » [de Napoléon Aubin] in Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec op. cit.

Dans la liste des oeuvres qui suit l'article, Jean-Paul Tremblay donne non pas quatre mais cinq titres de contes parus dans Le Fantasque sous la plume de Napoléon Aubin :
[Quatre contes parurent dans la Minerve :] « la Lucarne d'un vieux garçon », 11 juin 1835, p. 1. « Une entrée dans le monde », 22 juin 1835, p. 1. « Une chanson — un songe — un baiser », 13 juillet 1835, p. 1-2. « Histoire qui n'a pas de nom, ou plutôt Mélanges », 6 août 1835, p. 1. [Les cinq autres furent publiés dans le Fantasque :] « Un Joconde noir », 1er août-1er septembre 1837. « Le Bal ou l'Homme propose et la femme dispose. (Anecdote passablement historique) », 7 juillet 1838, p. 111-114. « Mon voyage à la lune », 9 juillet-1er octobre 1839. «Mon voyage à Montréal », novembre 1840, p. 5-8. « Qui vive ? C'est selon : l'ami des uns, l'ennemi des autres. (Scènes du soir) », 4 novembre 1843, p. 4.

Seul "Mon Voyage à la Lune" nous intéresse dans la liste qui précède (des extraits seront présentés sur ArchéoSF).
Ajoutons son "Plan d'une république canadienne" (Le Fantasque, 1838) qui prend la forme d'une utopie humoristique mais bien peu fictionnelle (le texte sera prochainement proposé sur ArchéoSF).
Parmi les autres talents de Napoléon Aubin, on peut relever qu'il est musicien, éditeur et scientifique et qu'il a mis au point l'appareil à gaz Aubin qui est une sorte de réverbère adopté par plusieurs villes d'Amérique et d'Europe.

Pour en savoir plus:
Jean-Paul Tremblay, A la recherche de Napoléon Aubin, Presses de l'Université-Laval, 1969.
Lucie Villeneuve, Le "journal-fiction" Le Fantasque de Napoléon Aubin (1837-1845) : formes théâtrales et romanesques et dans le discours journalistique, thèse présentée comme exigence partielle du doctorat en études littéraires (lire en ligne). Importante bibliographie sur Napoléon Aubin.


(1) par commodité, j'emploierai indifféremment les termes "Québec" et "Canada francophone" qui ne couvrent pas exactement la même réalité. Le premier est une province, la plus grande du Canada, ne comptant pas que des Francophones, le second correspond à une réalité linguistique : le Nouveau Brunswick est une province où le bilinguisme est officiel et l'on trouve des francophones dans toutes les provinces canadiennes.  Toutes les oeuvres écrites par des Québécois non francophones seront donc exclues, toutes les oeuvres écrites par des non Québécois francophones seront inclues. Ce travail de recherche est en cours. Pour le moment je n'ai que des textes publiés au Québec par des Québécois mais sait-on jamais!

Source de l'image: Wikipedia

1 commentaire:

  1. Salut,
    Je salue l'initiative et j'en profite pour signaler mon blogue où j'ai écrit à l'occasion sur le sujet. Entre autres, je me suis penché sur l'histoire de ce que j'appelle la SFCF en passant par les images. Une table des matières de mes contributions apparaît ici : http://culturedesfuturs.blogspot.ca/2009/02/iconographie-de-la-sfcf-24.html

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